La Maison Pop’ et le cinéma Le Méliès de Montreuil invitent pour la seconde année le peuple qui manque qui proposera et présentera une histoire des corps insurgés, au travers d’un panorama de films rares, documentaires, vidéos d'artistes, cinéma d’avant-garde et fictions. (lire la suite)

« Les happenings de Jean-Jacques Lebel sont le point exact où le théâtre explose. » (Jean Paul Sartre). Jean-Jacques Lebel, plasticien, écrivain et grand initiateur en 1960 du happening en Europe, a conçu le happening comme subversion des structures mentales et laboratoire préparatoire des transformations politiques et révolutionnaires de son temps. C’est depuis cette perspective vitale que nous ouvrons ce cycle de films et vidéos !
Le Happening et la politique
de Jean-Jacques Lebel (extrait, 10’)
En sa présence
« Situations temporaires, fondées sur le désir », entre pulsion érotique et bouleversement de l’espace social, inconscient et imaginaire, les happenings de Lebel ont souvent été considérés comme des préfigurations des événements de 68, qu’il a pensé, parmi d’autres, comme “le plus grand happening de tous les temps”.
En 1967, Ă
Exprmtl 4, festival belge de films expérimentaux de Knokke-le-Zoutte, qui avait refusé son film, l
’Etat normal, ainsi que ceux de
Yoko Ono ou
Pierre Clementi, Jean-Jacques Lebel organise un contre-festival avec d’autres cinéastes underground et intervient avec Yoko Ono pour l
’élection de Miss Exprmtl, happening et intervention totale, qui fait exploser le festival.
He ! Viva Dada
de Jean-Michel Humeau (1965, 39min)
En sa présence
Précédé d'un film-surprise inédit

Happenings et pièces signés Fernando Arrabal, Roland Topor, Alejandro Jodorowsky, Charlotte Moorman, et le fameux Déchirex, de Jean-Jacques Lebel, « bacchanale de la nudité, des spaghettis, et de la poésie » ! Magnifiquement filmé par Jean-Michel Humeau, « Hé ! Viva Dada » est un compte-rendu du deuxième Festival de la libre expression, « laboratoire des sensations », organisé par Jean-Jacques Lebel au Centre américain des Artistes, boulevard Raspail, en mai 1965.
« Du happening à la pantomime, toutes les formes d’un art total ont été successivement essayées. (…) nous avons pensé que ces documents restaient une preuve de notre génération d’en finir avec les tabous, les faux semblants, le caca de notre société. Le témoignage d’un poète Allen Ginsberg nous a paru nécessaire pour éclairer de l’intérieur cette démarche proche de celle d’Artaud ou de Michaux et qui, à travers ce gâchis, cet éclatement des structures morales vise un art total pour un renouveau de l’homme. »
Actions d'Intérieur
de Ben Vautier (1959-1972, 20’)
Le plasticien Ben, célèbre aujourd’hui pour ses écritures et ses slogans poétiques inspirés du quotidien, filme ses actions d’intérieur, ses spectacles de Théâtre total et ses concerts à Nice. Ben et de nombreux amis tels
Serge III jouent les partitions surréalistes anti-art et les « concerts classiques » des artistes
Fluxus,
La Monte Young,
Nam Jum Paik,
George Brecht ou
Robert Maciunas et se livrent à des musiques/actions et des happenings anti-musique (clouage de touches de pianos, destruction de violons, brûlures de partitions, etc.), tout en faisant participer le public.
Ben mélange avec humour et poésie iconoclaste, le gag, les détails de la vie, dans la perspective de Fluxus, qui consiste à épuiser toutes les possibilités du "tout est art". « Purger le monde de la vie bourgeoise. Promouvoir la réalité du NON ART pour qu’elle soit saisie par tout le monde… Dissoudre les structures des révolutions culturelle, sociale et politique en un front commun ayant des actions communes », écrivait ainsi Robert Maciunas dans le manifeste Fluxus.