La Maison Pop’ et le cinéma Le Méliès de Montreuil invitent pour la seconde année le peuple qui manque qui proposera et présentera une histoire des corps insurgés, au travers d’un panorama de films rares, documentaires, vidéos d'artistes, cinéma d’avant-garde et fictions. (lire la suite)
A la fin des années 70 et début des années 80, des cinéastes expérimentaux ouest-berlinois issus du mouvement Alle Macht der Super 8 (Le super 8 au pouvoir !) inventent un cinéma punk en super 8, s'attaquant tour à tour au capitalisme américain et au communisme, avec en toile de fond la ridicule partition de l'Allemagne de l'époque par le Mur de Berlin.
Ce mouvement méconnu en France donne ainsi naissance à une imagerie unique, virtuose et onirique. Un style ; une attitude où s’explore, au cœur du Berlin underground, une poétique de la ville, tantôt fébrile, mélancolique ou vénéneuse. Issu des avant-gardes berlinoises et de la culture des clubs et de la nuit, ce cinéma marie la jeunesse révoltée au post-punk strident, à la musique synthétique et à un jazz aérien, faisant appel aux techniques expérimentales (grattage, peinture sur pellicule, montage très rythmé) qu’ils transcendent avec vitalité et liberté de création. De ce rapprochement entre cinéastes, artistes et musiciens, naît une alchimie toute particulière, propice à toutes les expérimentations visuelles, précurseuses du clip et saisissant de manière aiguë les énergies de la contre-culture, qui font de ces années-là , qui ne sont pourtant plus celles des révolutions en marche, des années rebelles.
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The Wall
de Gordon Matta-Clark (1976-2007, 15 min)
"The wall" est le montage d'un document rare de 1976 d'une performance à Berlin de Gordon Matta-Clark, le célèbre artiste franco-américain, connu pour ses interventions in situ et ses cuttings (coupes de bâtiments). « Anarchitecte », son travail comporte une dimension critique, influencée par le situationnisme. Dissuadé par ses amis de faire exploser une partie du Mur de Berlin, but avoué de son voyage à Berlin, Gordon Matta-Clark graffite sur le Mur « Made in America » et colle des affiches publicitaires sur les graffitis.
« Entre la fin des années 1970 et la chute du mur de Berlin en novembre 1989, de nombreux films ont été produits à Berlin-Ouest, traitant, de manière originale, de la vie au sein de cette ville encapsulée. Demeurant pour la République Fédérale d'Allemagne une vitrine du libéralisme, Berlin-Ouest est devenu un îlot pour tous ceux qui voulaient expérimenter par eux-mêmes sans pression économique et qui souhaitaient s'exprimer par tous les moyens. Le sujet n'était plus le monde en révolution mais l'implantation de nouveaux styles de vie alternatifs: entre les mouvements de squatters et le sentiment d'un futur impossible ; un mélange d'étrangeté, d'une pensée punk et de drogues. » Florian Wüst, Une ville gueule : Berlin-Ouest années 80
Yana Yo - Sax (1983, 6')
Markgraf & Wolkenstein - Craex Apart (1983, 5')
Brand & Maschmann - And then ? (1981, 3')
Christoph Doering - 3302- Taxi Film (1979, 14')
Maye & Rendschmid - Without love there is no death (1980, 5')
Walter Gramming - Hammer und Sichel (1978, 5')
Hormel/BĂĽhler - Money (Malaria Clip) (1982, 4')
Notorische Reflexe - Fragment Video (1983, 12')
Ika Schier - Wedding Night (1982, 4')