06/09/2018 à 13:18
|
À mon tour de vous relater mon expérience avec cette Fuji Provia 100 D.
L'histoire avait pourtant mal commencé...
Fin Avril à l'occasion d'un court séjour outre Rhin, je pars avec pour seule caméra Super-8 (hélas) une Canon 514 XL, compagne fort pratique lorsqu'on a qu'un bagage cabine et qu'il faut voyager léger.
Je commence à tourner quelques séquences à la descente du train qui nous amenait de l'aéroport au centre d'Hannovre, mais au bout de 3 mètres le chargeur se bloque... je fini par lâcher l'affaire, les piles ayant fait jouer leur droit de retrait.
Le lendemain je reprends espoir avec deux piles neuves et un nouveau chargeur, qui se bloque lui encore plus vite que le premier.
Plusieurs semaines plus tard, je dois réviser ma Canon 1014 AE qui refuse obstinément tout service. Après quelques bons soins, elle reprend du service et je réalise un film Test comme d'habitude. Puis je me dis que perdu pour perdu, autant voir ce que donnent ces Provia récalcitrantes avec une caméra alimentée en 9 volts et pas 3... le premier film passe bien, du coup je prends sur le deuxième une mire de test, et c'est parti pour mon tour de jardin habituel.
Les deux films passant sans problème, mais n'étant pas sûr de ma caméra, je sors de sa retraite ma Nikon R10 qui hibernait depuis début octobre. Là aussi, mire de test, Fondus-enchaînés, rien de tel pour martyriser un chargeur., double-expo et prises de vues au 1/81e et au 1/162e. La Nikon avale goulument la pellicule japonaise qui doit lui rappeler le pays, d'autant plus qu'avec 12 mètres à se mettre sous les dents elle a pu un temps se prendre pour une Fujica ZC 1000...
Le 20 Août, je fais un carton "charter" à destination du Kansas avec outre les 3 Provia, une Wittner 200D et 4 Ektachrome 64T.
Retour de tout cela le 3 septembre et depuis, visionnage-élagage et projection !
Je ferai un post spécifique sur Dwayne's et son excellent service séparément pour ne pas tout mélanger.
Canon 514 XL
Jusqu'à présent je n'avais "grillé" que de la Wittner 200 D avec cette caméra, ou sa soeur jumelle. Grillé est employé à juste titre car l'obturateur XL de cette caméra de poche implique des diaphragmes très fermés, et si on y met un filtre gris....on ne voit plus rien dans le viseur.
Les rares images ramenées par cette caméra sont bien exposées, avec des couleurs bien équilibrée sans saturation exagérée et un contraste correct. Le grain est très très fin, la définition des images est très moyenne. Manifestement, la qualité de l'objectif n'est pas à la hauteur de celle du film.
Canon 1014 Autozoom Electronic
Dès la mire c'est autre chose. Les fins détails sont bien enregistrés. Bizarrement l'image semble un peu se balader à droite et à gauche sur quelques plans, mais reste parfaitement stable horizontalement.
Je précise que les plans en question ont été filmés caméra sur pied, un Gitzo aussi âgé que moi et d'une stabilité à toute épreuve (lui...)
Les 100 Asa sont bien pratiques pour jouer avec l'obturateur variable, on passe au 1/172e à 18 im/s et un diaphragme entre 5,6 et 8 sur des scènes de jardin, autant dire que l'objectif est exploité au mieux et que la profondeur de champ est réduite tout en apportant une netteté des images liée à une vitesse d'obturation assez courte.
Sur des gros plans de fleurs et de feuillages, cette Fuji fait merveille avec des couleurs réalistes et un grain extraordinairement fin.
On est clairement dans une autre époque que la Kodachrome 40, que j'adorais, mais comparativement, la Kodachrome est beaucoup moins naturelle et ...plus granuleuse.
Nikon R10 Superzoom
Ça c'est ma beeeeellle caméra ! Tellement belle que je la sors que pour les grandes occasions. Il faut dire qu'avec sa grande valise elle est encore plus encombrante, mais pas plus lourde cependant, que la Canon 1014.
Le vrai problème, c'est qu'elle ne se range pas facilement, sa poignée fixe lui interdit de rester sagement sur une étagère, contrairement à la Canon qui du coup partage une étagère de la bibliothèque avec une Leicina, un Rolleiflex et quelques bricoles toujours chargées et prêtes à filmer ou photographier.
Donc pour les grandes occasions, je sors cette Nippone et tant qu'à faire je lui laisse avaler les émulsions les plus délicates, étant donné son excellente optique et son système d'entraînement à double griffe qui lui assure une excellente fixité d'image.
Premier constat dès la mire : le film est un poil plus sombre que les deux précédents tournés avec les Canon. La définition est excellente jusque sur les bords, mais la fixité d'image proverbiale de la Nikon en a pris un coup.
Alors que sur la 1014 j'avais eu droit à des légers balancements transversaux, ici les images ont une légère tendance à flotter horizontalement, phénomène surtout perceptible sur des titres fixes. En revanche le mouvement de droite à gauche est ici inexistant.
Il semble que le système d'exposition de la R10 expose ce film de façon un peu plus juste que les Canon qui peuvent se trouver avec des parties d'images plus claires et pu brûlées.
Le grain est bien sûr toujours aussi fin mais peut-être un peu plus perceptible car il n'y a pas de zone complètement transparente. Tout cela reste d'un niveau de définition jamais vu pour ce qui me concerne dans un film Super 8.
Les couleurs sont moins flashy qu'avec l'Ektachrome 100D et le grain semble réduit de moitié.
Un gros plan de mon félin préféré fait ressortir parfaitement jusqu'aux plus petits poils des oreilles.
*****************
Conclusion
*****************
Avant de donner un avis esthétique, un point sur la technologie du film avec ses atouts et quelques réserves.
D'abord la découpe.
Ce film a coincé chez moi dans une Canon 514 XL et à de multiples reprises sur deux chargeurs différents. Il est très bien passé dans des caméras dont le système d'entraînement est plus puissant MAIS : problème de stabilité latérale avec une Canon 1014 et de stabilité Horizontale avec une Nikon R10.
Je ne suis pas le seul à avoir connu des déboires de ce type.
En montant mes films avec une visionneuse (Bauer F20) j'ai trouvé que par moment le film était "raide". De plus il couinait sur une bobine comme si la bobine était voilée... et cela m'a mis la puce à l'oreille. J'ai mesuré la largeur du film.... elle se promène entre 7,95 et 8,05 mm et, de plus, le film n'est pas tout à fait droit, cela ne tient pas à grand chose, mais cela explique pourquoi il bloque dans le chargeur avec des caméras bas de gamme comme ma Canon 514 et aussi pourquoi des caméras plutôt réputées pour leur fixité d'image ne sont pas au mieux.
Pour ce qui est chargeurs qui bloquent, hélas c'est le revers du conditionnement Super 8. Il y en a eu tout une série, à la fin des Ekta 64 et au début de la 100 D et j'avais écrit ici-même pour me plaindre que 2 chargeurs sur 5 étaient inutilisables avec les Ektra 100.
Ici le problème semble venir de la machine de coupe et d'une tolérance un peu trop lâche sur la largeur.
Venons-en aux aspects positifs.
Ce film offre à ce jour la meilleure définition pour un film inversible couleur de prise de vue en extérieur jamais atteinte en Super 8. Les couleurs sont justes, équilibrées, le contraste est plutôt élevé mais sans boucher les ombres. Il faudra veiller à exposer "juste", cela reste un film inversible et cela se joue au demi-diaphragme près. Mais s'il est bien exposé, ce film encaisse des scènes contenant des écarts de lumière supérieurs à tout ce que j'ai vu jusque là.
De mon point de vue, il est inutile de "griller" ce film dans des caméras d'entrée de gamme, le piqué tout relatif de leur objectif ne pouvant rendre justice à cette pellicule.
En revanche, les Schneider, Angénieux, Nikon et ceux que j'oublie auront ici l'occasion, enfin, de montrer tout leur potentiel, surtout s'ils sont utilisés conjointement avec un obturateur variable et que l'on pensera à s'en servir, en le fermant au moins à moitié.
|
